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samedi 23 avril 2011

MORGATE : UNE RESSOURCE EN VOIE DE DISPARITION

25 février 2011 LE TELEGRAMME « AURAY »

La morgate est-elle en voie de disparition sur nos côtes? Les pêcheurs plaisanciers tirent une nouvelle fois la sonnette d'alarme, à quinze jours de la saison de cette pêche traditionnelle.
La morgate, ou margate, nom local de la seiche, fait le bonheur des pêcheurs plaisanciers. Ils la pêchent à la ligne, à l'aide d'une «turlutte», un morceau de plomb entouré d'hameçons, sur lequel ce céphalopode, cousin du poulpe, vient accrocher ses tentacules. C'est un véritable régal, cuisiné en salade ou à la plancha. Mais c'est aussi une source de revenus non négligeable pour une vingtaine d'artisans pêcheurs de la région d'Auray et Vannes, qui prélèvent entre 200 et 300 tonnes par an sur le «stock de Belle-Ile».

Les casiers dans le collimateur

La saison débute à la mi-mars, lorsque la morgate remonte à l'entrée du golfe et des rivières d'Auray et de Crac'h, après avoir passé l'hiver au chaud, sous la vase, au large de Belle-Ile. Depuis trois ans, les pêcheurs plaisanciers s'inquiètent des conséquences de cette pêche sur la ressource. Car les professionnels utilisent majoritairement des casiers, qu'ils ressortent au mois de mai, et dans lesquels les morgates ont pondu entre-temps. Et s'ils ne sont pas remis à l'eau, les oeufs ne peuvent pas éclore. La perte est estimée à 10 millions d'oeufs, sur les quelque 40 millions pondus chaque année dans le golfe. Pour Céline D'Hardivillé, chargée de mission au comité local des pêches d'Auray-Vannes, «on ne peut pas parler de baisse de la ressource. Mais c'est vrai qu'il y a moins d'années exceptionnelles que par le passé». Conscients du manque à gagner, les professionnels cherchent des solutions pour favoriser la reproduction. Laisser les casiers dans l'eau jusqu'à juillet serait trop contraignant, en terme d'usure et de mobilisation du matériel. Mais une expérimentation a été lancée l'année dernière. Il s'agit de poser des supports de ponte artificiels sur les lieux de reproduction.

Cycle court

Thierry Jacob, marin pêcheur à Séné depuis 35 ans, croit beaucoup à ces essais. «Il s'agit de grandes grilles d'1x2 mètres. On a aussi testé des supports de ponte détachables, directement dans les casiers, mais c'est moins concluant». La pêche à la morgate représente environ 30% de son activité à l'année. Ce professionnel entend bien l'inquiétude des plaisanciers. Même si, selon lui, le phénomène n'est pas à rapprocher de la disparition de l'anguille. «La morgate a un cycle de reproduction beaucoup plus court, et ne pond qu'une fois avant de mourir. Il est donc normal d'avoir des variations d'une année sur l'autre sur de petits secteurs, sachant que les courants et la salinité de l'eau modifient les chemins de migration. Il faut envisager la ressource de manière plus globale, sur l'ensemble du littoral».
 Mathieu Pélicart